Hier, le Conseil Constitutionnel a validé le projet de loi de finances rectificative de la sécurité sociale par laquelle le gouvernement a reculé l’âge de départ à la retraite de deux ans. Il a admis en cela, avec les pourtours juridiques bienséants, le projet d’Emmanuel Macron.
Ils pourraient croire que nous avons perdu, qu’ils ont gagné. Que nous avons la rue, certes, mais qu’ils peuvent ne jamais céder et toujours passer en force. Bien au contraire. Ils ont tout perdu mais ne le savent pas encore.
Ils ont perdu la bataille des idées et leur légitimité, celle du dialogue social et de la démocratie, l’adhésion des actifs et des citoyens. Mais par dessous tout, ils ont perdu la jeunesse. Le recul sur le SNU obligatoire n’aura pas suffi et ne suffira pas à l’éviter : Ils ont insufflé en nous les jeunes, le formidable et puissant esprit de révolte.
Révolte des consciences, née de l’écoeurement de ces pratiques, ces méthodes, ces discours, ces petites phrases méprisantes et dégueulasses. Révolte des consciences née de l’écoeurement mais qui le domine: chez nous, plus un seul dégouté mais des jeunes révoltés, qui savent désormais qu’après il faudra autre chose.
Conscience de révolte également, car nous avons toutes et tous enfin pleine appréhension de notre pouvoir sur les évènements. Notre mobilisation, partout où les mouvements sociaux naissent et s’organisent, est décisive. Nous occuperons l’espace public, de jour comme de nuit. Nous bloquerons les facultés et les lycées. Nous lutterons contre les grands projets inutiles, contre l’imposition que l’on nous fait d’un modèle qui détruit notre planète. Nous crierons en manif, nous chanterons en chœur.
Précisons tout de suite : Si elle nous traverse l’esprit, nous n’appelons pas à la « petite révolte ». Nous appelons à une révolution (chère à M. Macron en 2017). Révolution morale, politique et sociale d’un système institutionnel et économique qui se grippe, qui grince et qui finira par céder au profit des rouages infiniment plus pernicieux et dangereux que proposent l’extrême droite. Révolution sociétale enfin pour régler le conflit générationnel latent dont la réforme actuelle est le symptôme (davantage le stigmate) qui opprime les jeunes et qui sacrifiera les aînés.
Mais cette conscience de révolte est plus que cela. C’est la conviction que pour nous les jeunes, nos actions militantes, si vaines apparaissent elles au court terme, seront déterminantes pour l’après. Parce que nous entraînons à chacune d’elles de nouveaux visages parvenus à maturité politique, parce qu’il faudra à l’avant-garde des jeunes engagés pour conduire la jeunesse en son ensemble à la lutte. Parce qu’il faut aussi que la jeunesse se réapproprie le temps long, elle qui n’a pour seul capital que le temps de vivre qui lui reste.
Au lendemain d’un mouvement social dont nous avons conscience qu’il s’est fait sans nous, mais auquel nous avons sans relâche participé, Allons Enfants (re)pense ce qu’il est et ce qu’il sera. Un parti politique, né d’une expérience locale et conduit, par des générations de militantes et militants, à présenter devant les électeurs de toute la France des jeunes qui ont surgi dans les mobilisations depuis trois mois. Un parti qui a construit une pensée politique ancrée sur le sentiment profond d’éviction d’une jeunesse qui a l’impression qu’on lui refuse tout : un emploi, une planète vivable, une reconnaissance politique.
Allons Enfants n’est plus seulement un parti, il est une idée. Il appartient à tous les jeunes, qui, mobilisés pour leur avenir de quelle que manière qui soit, atteignent la conscience que nous sommes une classe unie, tout au moins qui devrait plus parfaitement l’être, pour parvenir à notre émancipation sociale et économique. Au lendemain de cette “fin de partie”, nous nous remettons au travail pour l’après.
Président d'Allons Enfants