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Affaire TPMP "Nous ne nous tairons plus" - Allons Enfants

Affaire TPMP « Nous ne nous tairons plus »


Affaire TPMP: « Nous ne nous tairons plus ».

Jeudi dernier, devant près de 2 millions de téléspectateurs, une scène ahurissante et très inquiétante pour le respect des principes démocratiques a eu lieu dans l’émission TPMP sur la chaîne C8 entre Cyril Hanouna et le député Louis Boyard (LFI). 

Si l’émission TPMP s’était déjà illustrée par des séquences banalisant des propos racistes ou allant à l’encontre de l’Etat de droit et des principes de notre justice, celle-ci marque un tournant : en dépit de tout ce que le présentateur peut affirmer. Non, Cyril Hanouna ne laisse pas chacun·e s’exprimer comme il l’entend sur son plateau. Complaisant avec Jordan Bardella (RN) mais pas avec ceux qui critiquent « la main qui le nourrit ». Louis Boyard n’a pas pu aller au bout de son propos lors de l’émission, alors rappelons-le ici : oui, Vincent Bolloré poursuit sur le continent Africain des activités violentes qui relèvent d’atteintes aux droits humains, ni plus ni moins.

Les méthodes mises en œuvre au sein des groupes médiatiques qu’il possède, dans l’objectif d’une véritable conquête culturelle, remettent profondément en cause les principes de liberté de la presse et d’indépendance journalistique. Elles sont dangereuses pour le débat public et notre démocratie. Elles propulsent des nostalgiques de Pétain à l’élection présidentielle.

Cette séquence, déjà largement commentée par d’autres que nous, appelle à : 

• Renforcer la régulation et le contrôle de l’audiovisuel. Le CSA, autorité indépendante chargée de la régulation de l’audiovisuel, doit prendre une sanction exemplaire pour assainir le débat public. À cet égard, Allons Enfants, en tant que parti politique, a émis un signalement au CSA contre cette séquence.

• Mettre en œuvre une véritable politique de lutte contre la concentration des médias.  Cette dimension relève de la responsabilité du gouvernement et du parlement, qui ensemble devront tirer les conséquences d’une trop forte imbrication des pouvoirs économique et médiatique. Un rapport sénatorial de mars dernier pointait déjà une concentration des médias inquiétante pour le débat public et l’équilibre démocratique. Allons Enfants, aux dernières législatives, avait formulé plusieurs propositions de nature à limiter la concentration des médias

Nous proposions : le renforcement des seuils de concentration des médias nationaux et locaux, la mise en place légale de gouvernances démocratiques dans les organes de presse et médiatiques associant les journalistes, et l’affichage public et accessible de la propriété capitalistique de chaque média.

Mais il est un autre aspect moins commenté qui justifie notre réaction. C’est le mépris et le paternalisme avec lequel le plateau, pas uniquement Cyril Hanouna, s’est exprimé à l’encontre de  Louis Boyard. Pas seulement parce qu’il a osé évoquer  des faits dérangeants. Parce qu’il est jeune. Ce n’est malheureusement pas un exemple isolé.

Chaque jour qu’un·e jeune porte une parole politique dans les médias, celle-ci est rabaissée et méprisée. On a toutes et tous en tête la réaction méprisante et déconnectée d’Apolline de Malherbe qui coupe la parole à une jeune activiste écologiste. Nous, jeunes, sommes habitué·e·s à de telles  séquences. 

Dans une société qui légitime une posture de supériorité fondée sur l’âge au seul critère de l’expérience, la parole des jeunes est remise en cause, décrédibilisée, infantilisée. À l’instar des remarques que les femmes peuvent subir, on nous juge “émotif·ve·s” “impulsif·ve·s”, “inexpérimenté·e·s” ou même “provocateur·rice·s” (sic. Olivier Véran à propos de Louis Boyard). Quel homme politique d’âge mûr a-t-il déjà reçu ces qualificatifs ? 

Mais cette fois-ci, les hurlements et les insultes se sont ajoutés au mépris habituel : « abruti », « t’es qu’une merde », « bouffon » (insulte en vogue, Valeurs Actuelles titrant récemment “Les bouffons de l’écologie” à propos des jeunes militant·e·s écologistes). Louis Boyard, un élu de la République ? « M’en bat les couilles » assène Hanouna. Cette fois-ci, c’est trop

Quand le débat public méprise et illégitime la parole des jeunes militantes et militants, comment espérer qu’ils·elles s’engagent ? Quand celles et ceux qui ont le courage de le faire se font insulter devant 2 millions de téléspectateurs, comment espérer, une seule seconde, qu’ils·elles trouvent leur place dans le débat ? Quand un présentateur télévision « s’en bat les couilles » que le jeune à qui il s’adresse  est député, comment espérer que d’autres puissent se sentir légitimes à le devenir? 

À moins que les postures ahuries et catastrophées des soirs d’élections face  à l’abstention chaque fois record des jeunes cachent en fait une réalité plus sournoise : ces gens ne tolèrent pas que nous, jeunes, nous nous engagions réellement comme nous l’entendons. Ils préfèrent nos discours polis et sages, pas entendre nos alertes sur l’irrémédiable changement climatique ou sur les exactions des milliardaires français. 

C’est aussi pour ça  que Louis Boyard a payé jeudi dernier. En cela, nous lui apportons tout notre soutien. Nous serons toujours du côté de la jeunesse qui ose s’engager pour un monde désirable. Le signalement d’Allons Enfants auprès du CSA portera aussi sur cet aspect. Il n’est plus tolérable que les jeunes qui s’expriment dans les médias soient traités de la sorte. Nous ne nous tairons plus. 

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